lunes, 22 de diciembre de 2014

Le Mexique est aux prises avec la narco-politique: Entretien avec Irma Eréndira Sandoval dans Le Monde, Paris, France (9, Decembre, 2014)



«Le Mexique est aux prises avec la narco-politique»

Pour Irma Eréndira Sandoval, qui étudie la corruption au Mexique, le récent massacre de 43 étudiants est révélateur d’un Etat désormais au service des narcotrafiquants contre la population et la contestation. Irma E. Sandoval est professeure à l’université nationale autonome du Mexique. Elle y dirige le Laboratoire de recherche sur la corruption et la transparence. Elle est actuellement professeure invitée à Sciences Po/Sorbonne Nouvelle.


Q. Dans quel contexte politique la disparition de ces 43 étudiants en septembre s’inscrit-elle ?

Cette tuerie est très significative car elle démontre que le pouvoir cherche à briser le cycle de manifestations en cours au Mexique. Les victimes fréquentaient l’école normale d’instituteurs d’Ayotzinapa, qui forme des enseignants ruraux. Elles étaient réunies pour lever des fonds afin de pouvoir se rendre à la commémoration d’une autre mobilisation estudiantine qui se termina, elle aussi, par une tuerie, bien plus grave celle-là, le massacre de Tlatelolco, le 2 octobre 1968.
À la demande du maire de la petite ville où se trouvaient les étudiants ce 26 septembre, la police est envoyée, accompagnée d’hommes non identifiés, pour réprimer les futurs instituteurs et les remettre au cartel local qui les assassine.

Le Mexique subit la violence des narcotrafiquant depuis 20 ans, mais l’Etat jusque-là se contentait de prendre parti pour l’un ou l’autre des barons de la drogue et de cibler ses rivaux. Aujourd’hui, l’Etat vise directement ceux qui contestent son autorité. Nous en sommes arrivés à un point où l’on peut comparer la situation du Mexique à celle du Chili sous Pinochet. La Colombie n’offre même pas un point de comparaison crédible, car au Mexique, les relations entre narcos et responsables politiques sont bien plus étroites. Les premiers interlocuteurs des narcos ne sont pas des organisations comme les FARC ou des milices, mais bien nos représentants élus.

Q. Selon vous, le président peut-il apaiser la situation ?

Le bilan d’Enrique Nieto en la matière ne le laisse pas croire. Lorsqu’il était gouverneur de l’Etat de Mexico, entre 2005 et 2011, il a également fait face à d’intenses mouvements de contestation, sans avoir engagé le dialogue avec les opposants. On a pu s’en rendre compte lorsque les habitants de San Salvador Atenco, une petite ville près de Mexico, se sont révoltés contre le projet d’aéroport international qu’il défendait. M. Nieto a préféré se braquer et employer la manière forte. La répression policière fit plusieurs morts. Aujourd’hui président, M. Nieto mène la même politique anti démocratique.

Cette stratégie s’est retournée contre le gouvernement car elle ne fait qu’accélérer la prise de conscience en cours. Les gens continuent à manifester en dépit du sentiment de peur que le gouvernement cherche à diffuser. Les électeurs sont désabusés et ne voient plus l’utilité des différents scrutins. Et c’est très malheureux. Mais c’est une conséquence naturelle de la situation. Il faut changer les choses.

Q. Laurent Fabius affirmait récemment que « le Mexique reste un Etat démocratique », vous êtes donc en désaccord avec lui ?

Oui et non. Car si l’on ne considère que les institutions et leur fonctionnement, le Mexique n’est pas une démocratie. Mais si notre regard se porte plutôt sur la société civile, oui, le Mexique est bien une démocratie.

Il est du reste très significatif que le ministre français des affaires étrangères emploie ce verbe, rester. Il ne nous dit pas que le Mexique “est” une démocratie, mais qu’il demeure, malgré tout, une démocratie. En reconnaissant de manière implicite ce hiatus, Laurent Fabius semble nous rappeler la nécessité de reconstruire notre démocratie.
Certains estiment que le Mexique est un Etat failli (failed state), je ne crois pas que ce soit le cas. En plus d’une société civile vigilante, le Mexique dispose d’une grande force économique, notamment grâce au pétrole.

Q. Partagez vous l’idée selon lequel le Mexique est il aux prises avec la « narco-politique » ?

Il y a une industrie de la guerre, de la drogue, une autre qui s’occupe de blanchir l’argent. Ces secteurs d’activité sont très prospères et ont cannibalisé le pays. Ce massacre en donne la preuve. L’armée est gagnée par ce mal. Depuis une dizaine d’années, elle est devenue un acteur politique important en s’appuyant sur la guerre contre la drogue. Alors qu’ils avaient pour tradition de faire profil bas, les généraux se présentent maintenant comme des figures d’autorité dans notre démocratie et cherchent à se faire connaître du public, ce qui est très inquiétant.

Q. Les États-Unis sont-ils en partie responsables la situation ?

Oui, à bien des égards. Le dictateur Porfirio Díaz, au pouvoir de 1884 à 1911, et mort ici à Paris, disait ainsi « pauvre Mexique, si loin de Dieu, si près des États-Unis ». Cela reste toujours vrai. L’accord de libre-échange nord-américain, entré en vigueur en 1994, a déstabilisé notre pays, ruinant l’agriculture locale. En vingt ans, nous avons vu disparaître les petits paysans au profit d’un modèle industriel de production qui a provoqué de vastes mouvements de population. L’initiative de Mérida a également déraillé. Lancée en 2007, elle devait aider le Mexique à lutter contre les narcotrafiquants, en finançant l’achat de matériels militaires. Or, cet équipement sert aujourd’hui dans une guerre contre l’ensemble de la société.

Par ailleurs, la militarisation de la frontière mexicano-américaine a transformé le Mexique en zone tampon où se trouvent tous les migrants d’Amérique latine qui souhaitent aller aux États-Unis sans y parvenir. Cela vient aussi fragiliser le Mexique. Sans parler de l’import illégal d’armes venant des États-Unis, où elles sont en vente libre, et qui viennent alimenter la violence dans notre pays. On sait aussi grâce au Wall Street Journal que des agents américains conduisent des opérations spéciales au Mexique en se faisant passer pour des agents mexicains, sans l’autorisation de nos autorités. C’est un scandale et un profond manque de respect pour nos institutions.

Q. Vous provenez vous-même de l’Etat de Guerrero où ces 43 étudiants ont disparu. Que pouvez-vous nous dire de cette région ?

  1. Cet Etat porte le nom de Vicente Guerrero (1782-1831), qui fut l’un des leaders de la guerre d’indépendance (1810-1821) et président du Mexique. Sous son autorité, notre pays fut l’un des premiers en Amérique Latine à abolir l’esclavage en 1829. L’Etat du Guerrero fut l’un des centres de la mobilisation étudiante dans les années 1960 et la guérilla d’inspiration communiste y est née dans les années 1970.

Il faut cependant être attentif à une chose, la mobilisation est aujourd’hui en train de se radicaliser. La violence s’installe, bien que de manière encore limitée. Des manifestations sont organisées aux abords des bureaux du PRI et le lobby est incendié, idem à la législature locale. Il n’y a pas d’émeutes, les objectifs sont définis à l’avance. Mais il faut s’inquiéter de ces développements. La tension ne fera que monter à mesure que l’on approchera des élections locales en juillet 2015.


Propos recueillis par Marc-Olivier Bherer
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lunes, 15 de diciembre de 2014

Irma Eréndira Sandoval: The root of Mexico’s violence is corruption (The Dallas Morning News, 4 December 2014)


Mexican President Enrique Peña Nieto has reacted in all of the wrong ways to the enormous social protests in Mexico, the U.S. and over 100 cities abroad calling for justice for the 43 missing students from the Ayotzinapa teachers college. Instead of responding to protesters’ demands for increased democracy and accountability, he has politicized the violence and stubbornly hung on to old, authoritarian ways.

If Peña Nieto were serious about addressing the root causes of the public security crisis, he would assume his responsibility, rearrange his cabinet, investigate probable complicity of the armed forces and work closely with community police in the states of Guerrero and Michoacán to clean up local governments.

Instead, he has tried to divert the blame to opposition political parties, centralized power and stepped up arbitrary arrests of student activists. He has also made superficial bureaucratic reforms, such as changing the emergency hotline number from 066 to 911, and modifying the national citizen identification system. And his top military commanders have threatened the population with increased repression.

The key problem is that Mexico’s “democratic transition” has failed to empower society or settle accounts with the past. Instead, like the Russian and many African and Eastern European transitions, liberalization has meant only the diversification of the power bases for the same old moguls and oligarchs.

Mexico is one of the most corrupt countries in the world. It received a failing score of 35 out of 100, tied with Bolivia, Moldova and Niger, in the 2014 Transparency International Corruption Perceptions Index. Mexico is also one of the most unequal countries. It is home to the second-richest man in the world, Carlos Slim, as well as to more than 65 million poor.

Mexico has also suffered the consequences of the drug and arms trades. The U.S. spends more than $109 billion a year on illegal drugs, of which a large proportion ends up in the hands of the drug cartels south of the Rio Grande. Meanwhile, an average 252,000 U.S.-made guns cross the border south each year, yielding approximately $127 million in revenue for gun manufacturers.

The return of the old, authoritarian Party of the Institutional Revolution (PRI) to power with Peña Nieto has turned back the clock on politics. For instance, the new president’s “Pact for Mexico” has canceled the power of Congress and transferred decision making to opaque, informal political bargaining behind closed doors. Simultaneously, attacks on journalists, students and human rights activists have skyrocketed. As a result, just 21 percent of the Mexican population is “satisfied with the functioning of democracy,” according to the most recent Latinobarometer study. This is the second-lowest number in all of Latin America, after Honduras. Mexico also has the highest level of citizen rejection of existing political parties (45 percent) in the entire region. Peña Nieto’s public approval ratings have fallen to a record low.

To help explain these numbers, consider that only 6.2 percent of all crimes committed in Mexico are even investigated by the authorities. Most Mexicans distrust the authorities so much that they are too afraid or think it is not worth it to report crimes. The root of the present crisis is therefore not bureaucratic failure but a systemic lack of confidence in the political system as a whole. This explains why the central demand of para seguir leyendo oprima aquí

viernes, 5 de diciembre de 2014

Ayotzinapa y la privatización de los aparatos represivos (Revolución Tres Punto Cero, 1 Dic. 2014)

Uno de los logros principales del movimiento de Ayotzinapa radica en haber demostrado que la corrupción es un fenómeno estructural que no se resolverá con simples “cambios de gabinete”, como lo ha dicho claramente Omar García. Hoy ya nadie puede seguir sosteniendo que la corrupción es una “debilidad de orden cultural… un tema casi humano que ha estado presente en la historia de la humanidad”, como lo declaró con su típico estilo cantinflesco Enrique Peña Nieto el pasado 20 de agosto. Los mexicanos nos hemos levantado para exigir la solución de un problema que no es cultural, intrínsecamente humano o metafísico, sino estrictamente político y social.

En todo caso la “cultura” que vinculada a la corrupción no sería la cultura humana en general ni mucho menos la mexicana en particular, sino precisamente la cultura de la impunidad priista que ha signado la política desde el sexenio de Miguel Alemán Velasco, el primer presidente del Partido Revolucionario Institucional (PRI), iniciador conspicuo de la colusión público-privada al servicio de la corrupción estructural.

La corrupción que hoy tiene a nuestro país al borde del abismo, se encuentra íntimamente vinculada al neoliberalismo depredador. Con mucha razón el proyecto político de articulación antineoliberal que Ayotzinapa representa rechaza abiertamente las reformas educativa, energética, laboral, y de (in)justicia que fueron impuestas de forma antipopular por Peña Nieto en sus primeros meses de uso y usufructo de la presidencia comprada.

La entrega de pedazos del territorio nacional a los narcotraficantes constituye la otra cara de la moneda del reparto de las reservas petroleras a las trasnacionales rapaces. No es ninguna coincidencia que la creciente privatización y deshumanización de la guerra y las operaciones militares ocurra con más intensidad en aquellas regiones en donde se extiende y crece la resistencia de las poblaciones civiles, como pasa hoy en Guerrero y en vastas zonas de nuestro país.

No es gratuito a este respecto que cada vez con mayor intensidad los caciques y empresarios vinculados al poder y el narcoestado, contraten pistoleros privados y guardias personales para asegurar su dominio sobre las poblaciones civiles con objeto de seguir amedrentando y lucrando con los recursos de las comunidades del sur, como acontece en la región de La Parota en Guerrero. Recientemente, por ejemplo, cuatro personas perdieron la vida y cinco más resultaron heridas en un enfrentamiento entre pistoleros al servicio de los dueños de la gravillera “Kimbar” e integrantes del Consejo de Ejidos y Comunidades Opositoras a La Parota (Cecop).

Un elemento central del proyecto neoliberal es precisamente la privatización de los aparatos represivos a través de empresas militares de factura estadounidense tipo Kellog, Brown & Root, Halliburton y BlackWater entre otras corporaciones que sin ningún escrúpulo, ideología, moral o respeto alguno por los derechos humanos, actúan vendiéndose al mejor postor para el lucrativo negocio de la guerra. EE.UU. es el referente por excelencia de este fenómeno. A nivel internacional su ejército opera a través de la colonización de todas sus tareas por mercenarios internacionales, que sustituyen a los soldados en las misiones bélicas con objeto de evadir la justicia internacional para responder por abusos y arbitrariedades.

Pero esta receta privatizadora no ha quedado circunscrita a la jurisdicción estadounidense. En el marco de la creciente intervención norteamericana en América Latina a través del repudiado “Plan Colombia” y en nuestro país con la funesta “Iniciativa Mérida”, las actividades de corporaciones militares privadas han sido cada vez más generalizadas y abiertas e incluso los presupuestos llegan a etiquetarse para asignar contratos a este tipo de corporaciones. Si con Calderón se iniciaron ya la puesta en marcha de las cárceles privadas, con su heredero Peña Nieto se buscará consolidar la abierta incursión de empresas militares trasnacionales y de seguridad privada. En los hechos el nuevo “decálogo para la seguridad” que en la víspera el gobierno ha dado a conocer, encierra este mismo proyecto privatizador y entreguista de los aparatos represivos a contratistas privados e internacionales dado que toda centralización de la seguridad y la creación de las 32 nuevas corporaciones policiacas anunciadas por Peña Nieto, exigirán asignación de millonarios contratos para las innumerables tareas de seguridad y control policiaco con los evidentes riesgos en materia de derechos humanos, opacidad, y abuso de los recursos públicos para nuestros país.

Ya existen voces incluso que han llegado a sugerir que el monstruoso asesinato del estudiante Julio César Mondragón fue ejecutado precisamente por.... Si quiere seguir leyendo oprima aquí

miércoles, 3 de diciembre de 2014

Entrevista con Irma Eréndira Sandoval especialista de la UNAM y profesora visitante de Sciences Po. Paris (Radio Francia Internacional - Español VIERNES 28 NOVIEMBRE 2014)



Tras semanas de protestas por la desaparición de los 43 normalistas de Ayotzinapa, Enrique Peña Nieto anunció diez medidas para luchar contra el narcotráfico, la violencia y la corrupción. Sin embargo, las organizaciones de Derechos Humanos se muestran escépticas en cuanto a la eficiencia de estas medidas y a su real puesta en práctica. Entrevista en exclsuiva con: Nicomedes Fuentes, ex integrante de la Comisión de la Verdad (Comverdad) e Irma Eréndira Sandoval, especialista en Corrupción y Transparencia del Instituto de Investigaciones de la Universidad Nacional Autónoma de México y profesora visitante de Sciences Po. Paris

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